ANNA TRESPEUCH BERTHELOT

Mes travaux se situent à la confluence de **l’histoire culturelle et de l’histoire environnementale**. Historienne des engagements intellectuels, je questionne les trajectoires militantes et la circulation des critiques de la modernité, durant une période encore présentée comme sourde aux alertes environnementales, celle dite des « Trente Glorieuses ». J'étudie les réseaux de lutte contre les relations prédatrices au vivant, en montrant l’enchevêtrement de plusieurs sensibilités : la sensibilité naturaliste de la protection de la nature, la sensibilité esthétique pour les « beaux » paysages et la sensibilité naturiste, héritière des mouvements de réforme du mode de vie. Mes études portant sur des intellectuels (André Louis, Edgar Morin, Roger Heim), sur des collectifs (Jeunes et Nature, *Histoires d’Elles*, Nature et Progrès), sur des vecteurs (médias, iconographie militante) contribuent à l’histoire de ces engagements environnementaux à bas bruit, qui ont précédé et ancré la sédimentation de l’écologie politique dans les années 1968. Cette période charnière avait déjà été bien explorée dans le cadre de ma thèse sur la réception des idées situationnistes. Après avoir retracé l’histoire sociale et culturelle du collectif jusqu’en 1972, j'y avais mis en lumière les acculturations de cette théorie critique au gré de ses circulations internationales et interdisciplinaires, ainsi que son irrésistible entrée au Panthéon intellectuel français au XXIe siècle (*L’Internationale situationniste. De l’histoire au mythe*, Puf, 2015).