Claire de Saint Martin

Mes activités de recherche s’inscrivent dans le cadre de la socio-clinique institutionnelle et se caractérisent par une démarche méthodologique et épistémologique spécifique : appréhender et comprendre les réalités des terrains étudiés, analyser les pratiques professionnelles et les rapports des individus aux institutions par la mise en place d’un dispositif collectif de recherche avec les usagers et les bénéficiaires, et pas uniquement avec les professionnels. La socio-clinique institutionnelle m'inscrit dans le champ de la "recherche avec". Je m'inscris dans le cadre théorique et méthodologique de la sociologie de l'enfance, qui considère l'enfant comme un acteur social, agissant sur son environnement. Ce cadre permet de penser les recherches **avec les enfants et non sur eux. Le concept de liminalité, mobilisé dans ma recherche doctorale, me conduit à penser la place des différents acteurs des institutions traversées et notamment celle du chercheur, plus précisément du chercheur praticien, socio-clinicien. Après avoir questionné ce concept dans le cadre de la scolarisation des élèves de CLIS 1, je l'étudie actuellement dans le cadre de classes externées de pratiques artistiques et de l'inclusion des personnes en situation de handicap par la pratique théâtrale. Si le concept théorisé par Murphy est utilisé par les chercheurs français, celui de liminoïdité de Turner semble plus pertinent pour caractériser ces différentes situations : la liminalité peut être un espace créatif qui, par une autre place accordée aux personnes marginalisée et de nouvelles relations entre elles et les personnes « ordinaires » peut modifier le rapport au monde et participer à l’émancipation de chacun. L’inclusion nécessite de repenser, non seulement l’accueil des personnes en situation de handicap dans la société, mais ses modalités. Quand elle se réalise, quels effets produit-elle ? Constitue-t-elle la réponse idéale à l’insertion sociale des personnes en situation de handicap ? La normativité du système scolaire constitue une entrave à la mise en place de l’éducation inclusive. À l’instar de Plaisance, « nous défendons la thèse selon laquelle l’inclusion ne va pas de soi, qu’elle est un nouveau défi, qui demande la clarification de nos moyens d’action en vue de transformer les écoles et de changer les regards sur les différences » (Plaisance, 2012, p. 34). La pratique théâtrale, en tant qu’activité de création collective choisie et non subie, constitue un vecteur privilégié de l’éducation inclusive. Je co-construis donc des dispositifs avec les acteurs de terrain pour étudier les effets de la mise en place d’une situation inclusive par la pratique théâtrale.