
Alexandra REYNAUD
Présentation
Chercheuse en SHS, et doctorante au Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche en Didactique, Éducation et Formation (LIRDEF) de l'École Doctorale 58.
Thèse intitulée « L’autisme existe-t-il vraiment ? Exploration ontologique et rupture épistémologique aux frontières de la “neurodiversité”. », sous la direction de Sylvie CANAT-FAURE.
La question volontairement provocatrice « L'autisme existe-t-il vraiment ? » ne cherche aucunement à nier les expériences des personnes présentant un Trouble du Spectre de l'Autisme (TSA) - dont je suis -, mais à interroger la nature et l'existence même de l'autisme en tant que condition distincte. La ligne de démarcation entre le normal et le pathologique, pour reprendre les mots de Michel Foucault, n'est plus la même de nos jours qu'elle l'était il y a dix ans, il y a vingt ans ou il y a quarante ans. Le contexte a changé, les connaissances ont évolué, les moyens d'information (notamment pour les autistes eux-mêmes et leur famille) se sont diversifiés et généralisés. Et, comme l'écrit Henri Lefebvre, la philosophie ne suffit plus : elle doit s'équiper, se transmuter en métaphilosophie si elle veut être en mesure de voyager et de s'aventurer sur le terrain transversal d'autres disciplines, et pouvoir explorer les implications sociologiques, éducatives et culturelles des critères diagnostiques changeants et de leur impact sur la perception de l'autisme. Il est indispensable de mieux connaître ce trouble neurodéveloppemental, dont la prévalence est actuellement estimée à 1% de la population générale, surtout lorsqu'on considère les conditions insuffisantes de repérage, d'accompagnement, de scolarisation, de travail, et de vie des personnes concernées. Un aspect central de cette thèse sera d'examiner l'affirmation couramment entendue, « on est tous un peu autistes. » Cette petite phrase soulève en réalité une série de questions, notamment, si tout le monde est « un peu autiste », le concept d'autisme en tant que différence distincte reste-t-il valide ? Peut-on seulement être « un peu » autiste ? Une différence qui devient universelle cesse-t-elle d'être une différence ? Cette recherche explore également comment le concept de “neurodiversité” influence et reconfigure notre compréhension de l'autisme.
Thèmes de recherche :
- Troubles du Spectre de l'Autisme (TSA) et inclusion
- représentations culturelles et médiatiques de l'autisme
- épistémologie des classifications neuropsychologiques et sociologie des catégories diagnostiques
Après un parcours universitaire de Master de Philosophie obtenu en 2023(1), et un Master d'Études Culturelles, parcours Cultures populaires obtenu en 2024(2), je me suis engagée dans un travail de thèse. Ma recherche doctorale interroge l'ontologie de l'autisme et les frontières mouvantes entre le normal et le pathologique, dans une perspective interdisciplinaire notamment inspirée de Foucault et de Lefebvre. Je m’intéresse particulièrement aux implications sociologiques, éducatives et culturelles de l’évolution des critères diagnostiques du TSA, et à la manière dont le concept de “neurodiversité” reconfigure notre compréhension de l'autisme comme variation humaine.
(1) mes mémoires de recherche en Philosophie étaient intutilés en M1 : « Approche philosophique du Trouble du Spectre de l’Autisme (TSA) », sous la direction de Louis ALLIX | Mention « Très Bien » ; et en M2 « Le Trouble du Spectre de l’Autisme comme variation neurodiverse ? Confrontation et intégration des théories explicatives du TSA », sous la direction de Delphine BELLIS | Mention « Très Bien. »
(2) mon mémoire de recherche en Études Culturelles était celui-ci en M2 : « Les représentations des Troubles du Spectre de l’Autisme (TSA) dans les séries télévisées et dans les films, entre stigmatisation et empowerment », sous la direction de Jérémy ROLLIN | Mention « Très Bien. »