Sébastien Pion
- Institut de Recherche pour le Développement (IRD)
Présentation
Curriculum vitae - narratif
Développement de la connaissance et sélection de productions scientifiques Formé en écologie, j’ai complété mes études, en 1998-1999, par un DEA de Biomathématique afin d’aller plus loin dans les méthodes de modélisation du vivant. Lors de ma recherche de stage, une équipe de l’IRD m’a proposé d’étudier des aspects quantitatifs du cycle biologique du ver parasite Loa loa en zone rurale du Cameroun. Et 25 ans plus tard, j’y suis encore. Depuis le début des années 1990, ce parasite représente un obstacle aux programmes internationaux de lutte contre l’onchocercose et la filariose lymphatique en Afrique centrale. En effet, ces programmes reposent sur des traitements de masse de toute la population par un médicament, l’ivermectine, partiellement curatif et préventif. Or, si une personne est fortement parasitée par L. loa, elle a environ 1 chance sur 10 de développer des effets secondaires graves neurologiques, parfois mortels, si elle reçoit de l’ivermectine. Afin d’éviter ce problème, nous avons suivi deux pistes. La première est de continuer à utiliser l’ivermectine mais en écartant les sujets à risque. Pour cela, nous avons développé un dispositif formé d’un téléphone cellulaire et d’un dispositif de grossissement qui permet de quantifier, en 2 minutes, la charge parasitaire de L. loa dans le sang de la personne et ainsi, décider de la traiter ou pas. J’ai été un acteur majeur du développement de la stratégie Test and not Treat for onchocerciasis. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) soutient cette stratégie. Ces travaux ont notamment été valorisés, en 2017, par une publication dans le New England Journal of Medicine, où je suis co-premier auteur avec mon collègue camerounais Joseph Kamgno. La seconde piste consistait à remplacer l’ivermectine par un médicament actif sur les filaires mais sans effet secondaire chez les personnes fortement parasitées par L. loa. Contre la filariose lymphatique, nous avons testé un régime de traitements communautaires semestriels par l’albendazole, qui s’est avéré efficace pour éliminer la filariose et réduire les parasites intestinaux. Là encore, l’OMS soutient cette stratégie et, à titre personnel, j’ai été un des acteurs principaux (et premier signataire de nombreux articles, notamment dans Lancet Infectious Diseases) en réalisant deux essais communautaires, en République du Congo, et en République Démocratique du Congo. Pour la loase, j’ai démontré, avec un étudiant médecin alors en thèse, qu’elle entrainait une réduction de l’espérance de vie. Cela a constitué la première étape vers la reconnaissance de cette infection comme problème de santé publique (publié dans Lancet Infectious Diseases), et nous a amené à développer un projet clinique pour expliquer cette surmortalité (actuellement en cours avec un financement European Research Council).
Contribution au développement des individus (collègues, étudiants…) En 25 ans d’activité, j’ai accompagné une vingtaine d’étudiant(e)s en les supervisant ou parfois en les formant à des disciplines telles que les statistiques et l’épidémiologie, en insistant sur la rigueur dans l’exécution des différentes tâches. Certains ont persévéré dans la science ou la santé publique, et je suis toujours en contact avec bon nombre d’entre eux/elles. Deux d’entre eux font désormais partie de mon équipe. Au sein de celle-ci, mes collègues ont suivi des formations médicales (médecin et pharmacien) ; en tant que biologiste, j’apporte un éclairage complémentaire en intégrant la dimension évolutive des systèmes biologiques dans nos problématiques, selon le fameux précepte de Theodosius Dobzhansky: « Rien n’a de sens en biologie, si ce n’est à la lumière de l’évolution ».
Contribution à la communauté recherche au sens large Très vite après avoir publié mes premiers articles, j’ai été sollicité pour évaluer des articles soumis à des journaux traitant de parasitologie, ou de médecine tropicale, activité qui est allée en croissant. J’ai également été évaluateur de projets européens. Un peu plus récemment, j’ai été expert dans des comités consultatifs pour l’OMS et pour le Programme de Donation du Mectizan (qui permet de traiter plus de 400 millions de personnes par an contre le filarioses). Enfin, après plusieurs tentatives infructueuses, j’ai été élu, en 2024, membre de la présente commission afin de contribuer au bien-fondé du fonctionnement de l’Institut.
Contribution à la société dans son ensemble Depuis janvier 2021, je co-pilote le groupe de travail « mobilité » au sein du réseau "réduction impact environnemental des activités de la Direction Régionale Occitanie (DRO)". En concertation avec la direction de la DRO, nous mettons régulièrement en place des animations afin de promouvoir les mobilités éco-responsables: stands d’information sur les réseaux de transport en commun, la participation des employeurs aux abonnements, les aides à l’acquisition de vélo à assistance électrique (VAE), mais également des stands où il était possible de tester des vélos atypiques (cargo, triporteur, long-tail, pliants, avec ou sans assistance électrique) et des trottinettes électriques, ainsi que des ateliers d’accompagnement à la réparation ou à l’entretien de son vélo. Les actions que nous avons mises en place ont permis à la DRO d’obtenir, en 2024, la labellisation « Employeur Pro-Vélo » à son niveau le plus élevé : l’or. A titre officieux, j’accompagne, depuis une dizaine d’années, toute personne souhaitant trouver une bicyclette pour ses déplacements quotidiens en les conseillant et en les aidant à trouver du matériel de qualité de seconde main. Je mets également à disposition une petite flotte de vélos recyclés à destination des étudiants effectuant des séjours de courte durée au sein de la DRO. Mon engagement dans ce domaine ne se limite pas à mon cadre professionnel: j’ai créé une association (loi 1901) de promotion du vélo dans mon bassin de résidence (pays viganais). Ayant opté pour un cursus universitaire en biologie-écologie dans les années 1990, il va sans dire que la notion d’éco-responsabilité a toujours été intégrée dans ma pratique de la recherche: ne prendre l’avion que quand cela est absolument nécessaire et qu’il n’existe pas d’alternative, optimiser la consommation, faire durer le matériel et recycler autant que possible, gérer convenablement ses déchets lors des études de terrain… J’ai été récemment nommé référent développement durable pour mon unité de recherche. Ainsi, mon rôle sera également d’accompagner, officiellement, les collègues qui le souhaitent à s’informer sur les enjeux et les moyens disponibles pour adopter des comportements plus vertueux.
Curriculum vitae - Classique
Epidemiologie et contrôle des maladies tropicales négligées, Parasitologie quantitative
STATUT CIVIL
50 ans, né le 10/07/1974 à Villers-Semeuse (08), divorcé, 2 enfants Nationalité française Situation militaire : Service National effectué en coopération du 1/10/ 2000 au 31/01/2002
FORMATION ET QUALIFICATIONS Depuis 12/2007: Chargé de Recherche à l’IRD 2006 – 2007: Post-doctorat à l’Institut d’Epidémiologie et de Neurologie Tropicale, Faculté de Médecine de Limoges, France 2005 – 2006: Post-doctorat au Department of Infectious Disease Epidemiology, Imperial College London, Londres, Royaume-Uni 1999 – 2004 : Doctorat en Sciences de la Vie et de la Santé, Parasitologie, Université Paris XII, réalisé au Centre Pasteur du Cameroun, Yaoundé, Cameroun 1998 – 1999 : Diplôme d’Etudes Approfondies de Biomathématiques, Université Paris VI-VII 1997 – 1998 : Maîtrise de Biologie des Populations et des Ecosystèmes, Université Lille I 1996 – 1997 : Licence de Biologie des Organismes, Université Lille I 1994 – 1996 : Diplôme d’Etudes Universitaires Générales de Sciences de la Vie, Université Lille I
LANGUES ETRANGERES Anglais : courant Allemand et espagnol : notions
AFFECTATIONS STRUCTURALES A L’IRD (DEPUIS 12/2007, DATE DU RECRUTEMENT) Depuis 01/01/2011 : UMI233 « Recherches translationnelles appliquées au VIH et aux Maladies Infectieuses » (nouveau projet quadriennal proposé par l’ex UMR145), IRD Montpellier 2009 – 2010 : UMR145 « VIH/SIDA et maladies associées », IRD Montpellier 12/2007 – 31/12/2008 : UR024 « Epidémiologie et prévention » (unité non renouvelée au-delà du projet quadriennal), IRD Montpellier
SEJOURS SUR LE TERRAIN DANS LE CADRE DE PROJETS DE L’IRD Cameroun : 1999 (3 mois), 2000-2002 (22 mois, VSN), 2007 (3 mois), 2008 (2 mois), 2010 (3 mois), 2011 (2mois), 2012-2014 (2 ans, expatriement), 2015, 2016, 2017, 2018, 2019, 2021, 2022 (plusieurs séjours de quelques semaines) Gabon : 2010 (1 mois) République du Congo : 2011 (1 mois), 2012 (1 mois), 2013 (1 mois), 2014 (1 mois), 2015 (1 mois), 2019 (1 mois), 2022 (1 mois), 2023 (1 mois) République Démocratique du Congo : 2014 (1 mois), 2015 (1 mois), 2016 (1 mois), 2017 (1 mois), 2018 (1 mois), 2024 (3 semaines)
THEMATIQUES DES PROJETS DE RECHERCHE PRINCIPAUX REALISES OU EN COURS
- Evaluation de l’impact à long terme des traitements de masse par ivermectine dans le cadre de la lutte contre l’onchocercose (cécité des rivières) ;
- Prévention des effets secondaires graves survenant lors des traitements de masse par ivermectine chez les personnes fortement infectées par la filaire Loa loa ;
- Evaluation du développement possible de la résistance d’Onchocerca volvulus (parasite agent de l’onchocercose) à l’ivermectine ;
- Mise en évidence de la relation causale entre onchocercose et épilepsie ;
- Evaluation du poids global de l’onchocercose et de celui de la loase ;
- Optimisation des protocoles de diagnostic et de traitement en vue de l’élimination de la filariose lymphatique et de l’onchocercose en Afrique centrale ;
- Génétique de population du parasite Loa loa, agent causatif de la loase ;
- Potentiel anthropozoonotique de parasites de primates non humains d’Afrique centrale.
FINANCEMENTS OBTENUS (REDACTION DES PROJETS PUIS PILOTAGE IRD PAR NOTRE EQUIPE)
- Projet RESONIV « Evaluation du développement de la résistance d’Onchocerca volvulus à l’ivermectine », période 2006-2009, programme Santé Environnement – Santé Travail de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), 210 000 euros (PI : M Boussinesq);
- Projet Test and Treat « Rapid identification of high levels of Loa loa microfilaremia: a “test and treat” strategy for mass drug administration », 2012-2018, Bill and Melinda Gates Foundation, 3 millions US$ (PI : M Boussinesq);
- Collaboration sur le projet DOLF « Death to Onchocerciasis and Lymphatic Filariasis », période 2010-2020, Washington University, Saint-Louis (MO, USA), environ 600 000 US$ (co-PI : M Boussinesq/S. Pion);
- Projet d’évaluation de la surmortalité associée à la loase, 2016, DNDi, 35 000 euros (PI : C. Chesnais, ex-doctorant dans notre équipe);
- ANR JCJC EoLoa « Développement d’outils pour éliminer l'onchocercose en zone de co-endémie à Loa loa » 2018-2022, 360 000 euros (PI: C. Chesnais);
- Task Force for Global Health « Field friendly biometry to ease cohort studies in resource-limited settings » 2019, 50 000 US$ (PI: S. Pion);
- ERC Starting grant « Morbidity due to Loiasis: population-wide evaluation and identification of pathogenic mechanisms » 2020-2025, 1.5 millions d’euros (PI : C. Chesnais)
- ANR LoaGen “Unveiling the population dynamics of the filarial worm Loa loa using population genetics”, 2021-2024, 244 000 euros (PI: S. Pion)
- ANR STOP-FiLAR “Seeking Therapeutic Options to Prevent Filarial infections and post-Ivermectin Loa-related Adverse Reactions”, 2023-2024, 542 000 euros (PI: J Campillo, ex-doctorant dans notre équipe, actuellement post-doc sur le projet ERC sus-cité)
PRODUCTION SCIENTIFIQUE environ 105 articles scientifiques publiés dans des revues à comité de lecture, 2 chapitres d’ouvrage
EXPERTISE SCIENTIFIQUE
- membre du Comité d’Experts du Mectizan (https://mectizan.org/how/mec/)
- membre du comité d’experts de l’OMS "Onchocerciasis Technical Scientific commitee"